
La palette logistique : reine du flux
11 décembre 2025Avant de parler stratégie de picking ou pilotage de tableaux de bord, il y a une logique que tout entrepôt doit parler couramment : les niveaux d’emballages et les unités logistiques.
C’est cette logique qui permet à un WMS de comprendre comment existe un article dans le monde réel, à quel niveau on le manipule, comment on le convertit d’un niveau à l’autre et quels identifiants on scanne à chaque étape. Bien posée, cette logique rend les opérations fluides et les stocks fiables. Mal posée, elle crée des écarts, des reconditionnements sauvages et donc des surcoûts d’exploitation. Ces surcoûts ne sont pas toujours hyper visibles, ce qui ajoute parfois une difficulté dans la détection de leurs causes racines.

Une logique de hiérarchie, du plus petit au plus robuste
Un produit ne vit jamais informatiquement à “l’état pur”. Un produit existe par niveaux. Ci-dessous, Blogistics vous présente la hiérarchie de référence, avec le vocabulaire métier le plus souvent rencontré :
- UVC / UV (Unité de Vente/Consommation) : la pièce ou le pack que voit ou achète le client final. Typiquement un flacon de parfum ou 1 sachet de pâtes.
- SPCB (Sous Par ComBien) : le sous-colis ou “inner”, regroupement stable d’UVC. Exemple 1 SPCB = 6 UVC.
- PCB (Par ComBien) : le colis ou “outer”, généralement un carton qui regroupe des SPCB et/ou des UVC. Exemple précédent élargi 1 PCB = 8 SPCB = 48 UVC.
- Couche : rang complet de cartons posé sur une palette. Utile pour les flux volumineux car on prélève “à la couche”. C’est un ajout nécessaire pour l’optimisation de la logistique en entrepôts.
- Palette : l’unité de charge finale, parfois mono-référence, parfois panachée. C’est généralement l’entité physique identifiée de manière unique pour l’expédition identifiée par un code SSCC Serial Shipping Container Code. Pour rappel, le SSCC est un identifiant unique codé sur 18 chiffres attribuée à une unité logistique individuelle.
Cette hiérarchie forme la colonne vertébrale de tout référentiel article. Elle doit être exhaustive (tous les niveaux réellement utilisés), non ambiguë (un niveau = un sens métier) et mesurable (dimensions, poids, codes).
Sans cette colonne vertébrale solide, l’efficacité du WMS sera toujours à la peine.
Le triptyque indispensable : conversions, gabarits, identifiants
Pour qu’un WMS fonctionne sans faillir, trois types de données sont obligatoires à chaque niveau de la hiérarchie des unités logistiques.

Conversions
C’est l’élément central de référence : combien d’UVC dans 1 SPCB, combien de SPCB dans 1 PCB, combien de PCB par couche, combien de couches par palette. Le WMS n’additionne pas des noms d’articles : il manipule des quantités dans des unités.
Sans conversions exactes les écarts sont mécaniques.
Gabarits (dimensions & poids)
Longueur × largeur × hauteur et poids brut et/ou net par niveau. De quoi qualifier la physique de chaque niveau du produit.
On parle idéalement de gabarit réel mesuré, pas de donnée théorique. Ces données pilotent en effet les capacités d’emplacements, les calculs de réapprovisionnement, les choix d’emballage d’expédition ou encore la taxation au poids volumétrique chez le transporteur. C’est donc essentiel pour bien tenir son stock à fortiori quand il faut justifier la maîtrise quotidienne de seuils ICPE.
Identifiants scannables
- UVC : GTIN-13 sur l’unité.
- SPCB : ITF-14 ou GTIN-14 sur le carton. Il est utile de rappeler qu’il ne faut pas réutiliser le GTIN-13 de l’UVC !
- Palette : SSCC en code 128 pour tracer l’unité expédiée.
Tips Blogistics : 1 niveau = 1 code. Mélanger les codes entre niveaux, c’est garantir des confusions au quai et au picking.
Pourquoi cette logique est HYPER stratégique pour un WMS ?
Un WMS calcule, dirige, contrôle… à partir des informations structurantes qui lui sont confiées. Les unités logistiques en font clairement partie.
En effet, avec ces données, le WMS :
- valide la réception au SSCC (poids/hauteur attendus),
- adresse la palette en rack lourd car il connait le poids exact de chaque niveau d’unité logistique,
- alimente le picking UVC par réappro SPCB, c’est à dire pas d’ouverture sauvage de PCB ou de dépotage de palettes,
- calcule le cubage transport à partir du niveau PCB pour les expéditions par cartons.
C’est donc la vérité des niveaux et la qualité des données qui permet à l’algorithme du WMS de bien fonctionner.
Si l’on reformule en 3 points l’hyper importance de ces niveaux logistiques :
Stocks justes et conversions fiables
Un WMS doit convertir sans flottement entre UV ⇄ SPCB ⇄ PCB ⇄ palette. Une erreur de facteur crée des écarts récurrents à la réception, au réappro et à l’expédition. Les définitions PCB/SPCB servent de base à ces conversions ; ce n’est pas du “bla-bla” terminologique.
Productivité & ergonomie de picking
Le niveau de prise (UV, SPCB, PCB, couche, palette) structure les méthodes de préparation : détail, colis, couche, palette complète. Par exemple, un article non prélevable à l’UV doit être orienté vers des emplacements “colis” de type SPCB. A l’inverse, un détail picking en UV exige un emplacement adapté et un réappro calibré depuis des stocks en SPCB.
Qualité, transport et conformité
Traçabilité (lot, DLC/DLUO), FIFO, ADR, classes de température, empilabilité, poids volumétrique transport : la plupart de ces règles s’appliquent à un niveau d’emballage précis. Un WMS ne peut les faire respecter que si les niveaux sont clairs et… cohérents avec la réalité physique du terrain.
Les “oublis” qui parfois coûtent cher
Une hiérarchie incomplète
Beaucoup de projets WMS paramètrent uniquement l’UVC et la palette, mais oublient le niveau couche ou le SPCB par exemple… L’information n’est pas disponible, pas connue, pas fiable au moment du démarrage puis on oublie cette dette technique de référencement. Or, oublier le niveau SPCB ou couche prive le WMS d’un niveau de travail du quotidien. Surtout quand l’entrepôt réalise des prélèvements au détail.
- Le SPCB (inner) est pourtant très utile pour servir des multiples homogènes en B2B ou retail, limiter l’ouverture de cartons et accélérer le réappro du détail. Justement, si vos clients commandent souvent “par carton”, faites du SPCB un niveau prélevable et donnez lui un code-barres dédié. Vous abaisserez instantanément le taux d’erreurs et le temps de contrôle.
- Egalement lors d’actions marketing de type displays ou packs promo. Ils ne sont pas toujours modélisés dans le WMS. Dans ces cas, il peut être pertinent de créer un niveau plutôt que de bricoler en réception, durant le stockage et au moment de l’expédition.
L’évolution des données
Il est n’est pas rare que les niveaux évoluent en cours d’exploitation. Un plan de palettisation d’un fournisseur change et il passe le SPCB de 10 à 12 UVC, il change la hauteur d’un carton plus haut qui réduit le nombre de couches. Si ces modifications physiques ne sont pas mises à jour dans le WMS, les impacts seront immédiats et nombreux :
- les réceptions déclenchent des écarts “fantômes”,
- les stocks palette/PCB/UVC ne réconcilient plus,
- les réappros deviennent erratiques et incohérents.
La mise en œuvre d’un workflow, même léger, pourra limiter ces effets de bord indésirables et très impactant.
Dès que la demande de changement est connue du fournisseur (ou constatée le cas échéant), un processus de validation et de mise à jour rapide du référentiel est utile. Avec un contrôle à quai renforcé pendant 1 à 2 semaines pour s’assurer de la convergence physique et informatique.
Les unités logistiques en substance
Les niveaux d’emballages et unités logistiques ne sont pas un détail de chef de projet stressé : ce sont les “tables de vérité” qui permettent au WMS de livrer la promesse opérationnelle.
En bétonnant UVC → SPCB → PCB → couche → palette/SSCC, en rendant fiables les conversions/gabarits/codes et en documentant chaque évolution, nous obtenons l’assurance d’un système de gestion des stocks juste et réconciliable.
Pour approfondir les connaissances logistiques, Blogistics propose également :
- Qu’est ce qu’un WMS ?
- Le X-docking, flux traversant des entrepôts
- Facturation des 3PL




