Le vélo-cargo, une modalité de transport décarbonée et active
24 juin 2024Optimiser la supply chain avec les logiciels APS et DPS
8 juillet 2024La cyclologistique se présente comme une solution vertueuse pour une logistique urbaine durable et résiliente, répondant aux défis de congestion, pollution et désertification des centres-villes. Cependant, pour que les opérateurs puissent se déployer efficacement, l’accès à des espaces logistiques urbains (ELU) adaptés est indispensable. En effet, livrer le dernier km requiert des bases arrières solides pour accueillir la multiplicité des flux à exploiter.
Espaces logistiques urbains : une diversité des formats et fonctionnalités
Il existe plusieurs formats d’ELU envisageables, chacun avec leurs avantages et contraintes.
Les Microhubs
Les microhubs logistiques sont de petites surfaces temporaires ou pérennes, installées sur l’espace public en cœur de ville. Leur modularité en fait des solutions de logistique tactique et agile. Plusieurs villes comme Paris, Lyon ou Marseille ont lancé des expérimentations, en mettant à disposition des emplacements pour des activités de cross-docking ou de distribution du dernier kilomètre par vélos-cargos. Cependant, les résultats restent encore mitigés en termes d’efficience et de pérennité de ces modèles économiques.
Les Espaces Logistique de Proximité ou ELP
Les hubs logistiques sont des locaux professionnels dédiés à un seul opérateur, suffisamment spacieux et fonctionnels pour permettre l’entreposage des marchandises et l’exploitation autonome. Une superficie minimale de 80 m² est recommandée, avec des accès de plain-pied (de préférence) adaptés aux cycles et véhicules de livraison plus lourds. Au-delà, l’exploitant pourra y ajouter des espaces de vie et bureaux pour ses équipes.
Les Hôtels de Logistique Urbaine ou HLU
Enfin, les hôtels logistiques représentent un niveau supérieur de mutualisation des moyens. Ils rassemblent sur un même site les infrastructures logistiques pour tous les transporteurs intervenant sur une même zone urbaine dense. En théorie, ce format optimise le cross-docking, la massification des flux entrants et la distribution mutualisée du dernier kilomètre par les différents opérateurs. Des créations d’emplois logistiques en cœur de ville et une meilleure maîtrise des flux par les collectivités sont aussi attendues.
Mais dans la pratique, peu d’HLU ont vu le jour en France à ce stade.
On peut citer les exemples de Paris, Toulouse et Lyon récemment. Ces projets se heurtent à de nombreux défis :
- Leur rareté liée à la difficulté de trouver des emprises foncières adéquates en zones urbaines denses et à des coûts abordables.
- Une gestion majoritairement portée par un acteur majeur du secteur, comme La Poste Immo sur les cas de Toulouse et Lyon. Cela limite fortement la réelle mutualisation, les autres transporteurs étant réticents à confier leurs flux à un concurrent potentiel.
- Un cadre juridique inadapté en termes de responsabilité sur la marchandise dans ces espaces mutualisés. Cloisonner des zones par transporteur annulerait une partie des gains de productivité escomptés.
- Un manque de vision d’ensemble et de gouvernance par un tiers de confiance neutre et indépendant.
Pour lever ces derniers freins, des pistes sont envisagées autour de la création de structures de type SEM (société d’économie mixte) ou SCIC (société coopérative d’intérêt collectif). Une telle entité représentant les intérêts des collectivités territoriales pourrait constituer un gestionnaire neutre, garantissant davantage une réelle mutualisation équitable entre tous les transporteurs, une optimisation des flux logistiques urbains et une responsabilité juridique mieux partagée.
Cyclologistique et foncier logistique, un enjeu prioritaire !
Vous l’aurez compris, le développement d’une offre complète et accessible d’espaces logistiques urbains, des microhubs aux hôtels mutualisés, constitue un levier décisif pour le déploiement de la cyclologistique à grande échelle. Cela implique une collaboration renforcée entre monde de la logistique, pouvoirs publics et acteurs émergents du cycle pour concevoir des solutions innovantes et pérennes. L’enjeu est de taille pour répondre aux objectifs de villes durables, résilientes et désirables pour leurs habitants.
Par Olivier GIRAULT