Exosquelettes et logistique
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6 décembre 2023Pour les professionnels de la logistique, la route de la soie est un sujet d’intérêt majeur. Elle représente un potentiel de développement considérable pour le commerce et les transports. Une nouvelle donne en quelques sortes…
La route de la soie fût l’un des réseaux commerciaux les plus empreintés qui reliait l’Asie à l’Europe, de Chang’an (actuelle Xi’an) en Chine à la ville d’Antioche, en Syrie médiévale. Elle tire son nom de la plus précieuse marchandise qui y transitait à l’époque : la soie.
Aux origines du commerce mondial
Ces origines de la route de la soie sont difficiles à retracer avec précision. On estime qu’elle a commencé à se développer au IIe siècle avant J.-C., lorsque la Chine a débuté ses exportations de la soie, des épices, des pierres précieuses, des animaux et des plantes. vers l’Occident.
Déjà à cette époque, la route de la soie était un réseau complexe de routes terrestres et maritimes. Les routes terrestres étaient les plus importantes et traversaient une grande partie de l’Asie. Elles étaient souvent dangereuses et difficiles à parcourir, mais elles étaient essentielles au commerce entre l’Asie et l’Europe. Quant à elles, les routes maritimes étaient certes moins dangereuses, mais plus longues et plus coûteuses à exploiter. Elles étaient utilisées pour transporter des marchandises lourdes ou volumineuses, comme les pierres précieuses ou les animaux.
L’impact de la route de la soie
La route de la soie a eu un impact considérable sur le développement du commerce et de la culture en Asie et en Europe. Elle a permis la diffusion de nouvelles technologies, d’idées et de cultures. En outre, elle a contribué à l’essor de nombreuses villes et empires en Asie et en Europe. Ces “bassins économiques” ont prospéré grâce au commerce et à l’échange de biens, de services, d’idées et de cultures le long de la route de la soie. Parmi les villes qui ont prospéré grâce à la route de la soie, citons :
- Chang’an (actuelle Xi’an), en Chine, était la capitale de la Chine pendant de nombreux siècles et était un important centre commercial et culturel.
- Samarkand, en Ouzbékistan, était un important centre commercial et culturel sur la route de la soie entre l’Asie centrale et l’Europe.
- Baghdad, en Irak, était la capitale du califat abbasside et était un important centre de commerce, de science et de culture.
- Venise, en Italie, était un important centre commercial et culturel sur la route de la soie entre l’Europe et l’Asie.
La nouvelle route de la soie
En 2013, la Chine a lancé l’initiative « La ceinture et la route » (Belt and Road Initiative, BRI), également connue sous le nom de « nouvelle route de la soie ». Cette initiative vise à relier la Chine à l’Europe et à l’Asie centrale par un réseau de routes, de voies ferrées, de ports et d’autres infrastructures. Cette nouvelle voie est un projet ambitieux qui pourrait avoir un impact considérable sur le commerce et la logistique dans le monde. Elle pourrait également renforcer les relations entre la Chine et les pays de la région. Cependant, la tâche est immense.
Cette gigantesque route établira une connexion vers l’Europe en passant par plusieurs pays, notamment le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l’Iran et la Turquie. Du côté chinois, les travaux d’aménagement du Xinsilu, une autoroute de 5 000 km reliant la mer Jaune aux monts Tian, sont en cours d’achèvement. L’objectif principal de cet axe est de réduire la dépendance à l’égard de la route maritime, qui voit transiter des millions de conteneurs chaque année.
Deux autres itinéraires sont également envisagés pour relier la Chine à l’Europe : l’un traversant le Kazakhstan et la Russie, et l’autre passant par le Kazakhstan via la mer Caspienne.
Il convient de noter que ces projets ne bénéficient pas d’un financement de l’Union européenne, qui ne contribue pas à leur logistique. Les principaux bailleurs de fonds sont la Banque européenne de développement, la Banque asiatique de développement et la Banque islamique de développement.
L’ouverture de cette route devrait faciliter le commerce entre la Chine et les pays d’Asie centrale, dont les échanges commerciaux s’élevaient déjà à 25,2 milliards de dollars en 2008. Parallèlement, une liaison ferroviaire reliant la région autonome ouïghoure à l’Iran et desservant le Tadjikistan, le Kirghizistan et l’Afghanistan est en cours d’étude. Cependant, la route méridionale, qui passerait par la Turquie et l’Iran, reste en suspens en raison des sanctions imposées à l’Iran par l’ONU. De plus, l’Iran est en conflit avec ses voisins concernant le partage des ressources en eau de la mer Caspienne.
Un nouveau terminal polyvalent destiné aux ferrys, aux tankers et aux cargos est en construction à Alat, le nouveau terminal portuaire de Bakou. Cette plate-forme de grande envergure, équipée des dernières technologies, permettra de réaliser toutes les connexions possibles entre les navires et les trains, les wagons-citernes et les pipelines, ainsi que les conteneurs et les camions. Mousa Panahov, le vice-ministre des Transports de Chine, a confirmé que le terminal d’Alat serait en mesure de traiter jusqu’à 25 millions de tonnes de fret par an, comparativement à 7 millions en 2012 depuis le vieux port de Bakou.
Pléthores de défis logistiques à relever !
L’un des principaux défis est la diversité des infrastructures à construire ou à aménager. La nouvelle route de la soie traverse de nombreux pays, chacun avec ses propres normes et réglementations en matière d’infrastructures. Cela rend difficile l’harmonisation des systèmes et l’optimisation des flux logistiques.
Puis, vient celui de la sécurité. Ce nouvel axe commercial traverse des zones qui peuvent s’avérer dangereuses, notamment des zones de conflits ou des zones à criminalité galopante. Cela nécessite la mise en place de mesures de protection pour sécuriser les marchandises et les personnes.
Le troisième défi : la coordination. La nouvelle route de la soie implique de nombreux acteurs, notamment des gouvernements, des entreprises et des organisations internationales. Il est important de coordonner les efforts de tous ces acteurs pour assurer le succès du projet.
Enfin, cette nouvelle route pose des questions environnementales. Que dire par exemple de chantiers pharaoniques comme la construction de ports en eaux profondes réalisés en quelques années ? La Chine s’est engagée à prendre des mesures pour réduire les risques environnementaux liés à la route de la soie. Cependant, la construction de l’autoroute Xinsilu en Chine a entraîné la déforestation de millions d’hectares de forêts, celle du port de Gwadar au Pakistan a entraîné une forte augmentation de la pollution de l’eau et de l’air. En outre, la construction de la voie ferrée reliant la Chine à l’Europe a entraîné la destruction de zones naturelles en Asie centrale.
Mais quelle diminution de CO2 à terme si le rail est favorisé sur les portions terrestres ? De quoi étudier les pour et contre en gardant à l’esprit l’empreinte carbone globale et notre rôle en tant que consommateur bien entendu. Une route ambitieuse qui n’ira pas de soi.
Pour aller plus loin :
Articles de presse
- “La nouvelle route de la soie, un défi logistique majeur”, par Le Monde, 2023
- “Les risques environnementaux de la nouvelle route de la soie”, par Le Figaro, 2023
- “La nouvelle route de la soie, une vision stratégique pour la Chine”, par Le Point, 2023
Études
- Rapport du Sénat français : Pour la France, les nouvelles routes de la soie : simple label économique ou nouvel ordre mondial ?
- “L’impact économique et environnemental de la nouvelle route de la soie”, par la Banque mondiale, 2023
- Les implications sécuritaires de la nouvelle route de la soie”, par le Centre d’études stratégiques et internationales, 2023
- L’impact social de la nouvelle route de la soie”, par le Programme des Nations Unies pour le développement, 2023 (version française)
Rapports
- L’initiative ceinture et route : progrès, défis et opportunités”, par le Centre d’études stratégiques et internationales, 2023
- La nouvelle route de la soie : une initiative commerciale et d’infrastructure dirigée par la Chine”, par la Chambre de commerce américaine, 2023
- La nouvelle route de la soie : une perspective européenne”, par le Conseil européen des affaires étrangères, 2023
Divers
- “La nouvelle route de la soie : une perspective logistique”, par le cabinet de conseil McKinsey & Company, 2023
- “L’impact environnemental de la nouvelle route de la soie : une étude de cas du corridor économique Chine-Pakistan”, par l’Université de Stanford, 2023
- Les implications sécuritaires de la nouvelle route de la soie : une étude de cas de la mer de Chine méridionale”, par l’Institut d’études de sécurité de l’Asie-Pacifique, 2023
Articles du blog traitant de modes de transports alternatifs
- La cyclologistique, alternative urbaine durable
- Le transport à la voile, nouvelles lignes décarbonées intercontinentales