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Article synthétique de la thèse de Jean Marc Joyeux sur le sujet de : Analyse de la digitalisation du canal de distribution : une approche triadique dans l’étude du risque de désintermédiation des grossistes traditionnels
Dans un monde marqué par une digitalisation rapide, le rôle des intermédiaires dans les chaînes de distribution est profondément remis en question. Ma recherche doctorale explore comment les grossistes traditionnels s’adaptent à cette nouvelle ère digitale, souvent caractérisée par le risque de désintermédiation… mais aussi par des opportunités de ré-intermédiation.
Désintermédiation tentante avec la digitalisation… mais qui pour assurer la gestion des flux physiques, informationnels et financiers ?
Le défi de la digitalisation
La transformation digitale a bouleversé de nombreux secteurs, et la distribution n’est pas une exception. Le modèle traditionnel où les grossistes jouaient un rôle central dans la distribution de produits et services est challengé par l’émergence de plateformes numériques qui connectent directement producteurs et consommateurs. Cette désintermédiation menace l’existence même des grossistes. Mais elle ouvre également la porte à de nouvelles fonctions et responsabilités.
Face à ces défis, les grossistes doivent repenser leur modèle opérationnel. Mon étude montre que, malgré une faible demande de digitalisation de la part de l’aval du canal de distribution, il est crucial pour les grossistes d’initier des stratégies digitales adaptées. Cela inclut l’adoption de technologies pour optimiser la logistique, l’amélioration de l’efficacité des processus internes et l’engagement dans des plateformes numériques pour renforcer les relations entre l’amont et l’aval du canal de distribution.
Un élément frappant de cette adaptation est la manière dont certains grossistes – dans le négoce des matériaux de construction par exemple – intègrent des outils analytiques avancés pour mieux comprendre les besoins des clients et personnaliser leur offre. Ces efforts peuvent non seulement améliorer l’efficacité mais aussi générer, in fine, une valeur ajoutée significative qui confirme leur rôle à valeur ajoutée dans la chaîne de distribution.
Au-delà de la simple gestion de la transformation digitale en cours, ma thèse met en avant l’importance de la gestion des flux dans un contexte d’échange en réseau.
L’importance cruciale de la gestion des flux
Un aspect central de la survie et de l’adaptation des grossistes dans un environnement digitalisé est leur capacité à gérer efficacement les flux physiques, informationnels et financiers.
Dans le nouveau paysage de distribution, bien que les fabricants prennent souvent le lead sur le flux informationnel grâce à des outils digitaux avancés, les grossistes conservent un rôle crucial dans la gestion des flux physiques et financiers.
Les fabricants, bien qu’ayant accès direct aux petits clients via les plateformes numériques, préfèrent souvent déléguer la logistique complexe et la gestion des relations financières aux grossistes. Cette délégation permet aux fabricants de se concentrer sur leur cœur de compétence – la production et l’innovation produit – tout en exploitant les compétences des grossistes pour une distribution efficace et une gestion financière sécurisée.
Une fonction nécessaire mais à faire évoluer avec son temps
Cette spécialisation des rôles assure que les grossistes restent des maillons indispensables de la chaîne de valeur (même s’ils peuvent être challengés par d’autres types d’acteurs comme les prestataires logistiques de types 3PL ou 4PL).
Cependant, pour ne pas se laisser marginaliser sur le flux informationnel, les grossistes doivent renforcer leur capacité à collecter, analyser et utiliser les données pour mieux servir leurs clients et optimiser leur propre chaîne logistique. L’intégration de systèmes d’informations avancés (DPS) l’utilisation de l’analytique et de l’intelligence artificielle pour prévoir la demande et personnaliser les offres sont des mesures que les grossistes peuvent (doivent?) adopter pour reprendre un rôle actif dans la gestion du flux informationnel.
L’efficacité dans la gestion de ces trois flux – physique, informationnel et financier – ne se limite pas à maintenir la position des grossistes dans la chaîne de distribution ; elle permet également de créer des relations plus robustes et résilientes avec les autres acteurs du canal, renforçant ainsi leur proposition de valeur face aux défis posés par la digitalisation dans une logique de plateformisation des relations et des échanges.
Implications pratiques pour les professionnels
Les implications pour les professionnels de la supply chain sont multiples.
- Premièrement, il est impératif de reconnaître l’importance de la flexibilité et de l’innovation dans le maintien de la pertinence dans un marché en évolution. Les grossistes qui réussissent à se digitaliser peuvent non seulement survivre mais aussi prospérer, en servant de partenaires stratégiques pour les fabricants et en facilitant des relations plus dynamiques et intégrées.
- Deuxièmement, les grossistes doivent envisager la digitalisation non pas comme une menace mais comme une opportunité de renforcer leur rôle de conseillers et de gestionnaires de la chaîne logistique. En se positionnant comme des experts dans leur domaine, ils peuvent offrir une valeur qui va au-delà de la simple transaction physique et s’orienter vers une relation plus consultative avec leurs clients.
En substance, la digitalisation ne sonne pas le glas des grossistes traditionnels mais plutôt un défi à relever. En s’adaptant intelligemment aux nouvelles réalités du marché, les grossistes peuvent non seulement maintenir leur pertinence mais aussi jouer un rôle crucial dans la facilitation des échanges commerciaux dans un environnement de plus en plus numérisé et volatile.
Les acteurs de la supply chain doivent ainsi embrasser le changement et innover continuellement pour rester compétitifs dans cette nouvelle ère digitale. La seule maitrise des flux “traditionnels” ne suffit plus à durablement prospérer.
Par Jean Marc Joyeux
- Pour une lecture détaillée de la thèse : c’est ici