Qu’entendre par logistique verte ?
11 avril 2023Force est de constater que l’industrie du fret vise à redoubler d’efforts pour réduire son impact environnemental !
En effet, les initiatives se multiplient de part le monde. Les entreprises de transport cherchent à utiliser des carburants alternatifs tels que les biocarburants, les carburants synthétiques et l’hydrogène, ainsi que des technologies de transport moins polluantes pour réduire leur impact carbone et leurs émissions de gaz à effet de serre.
Rien de nouveau; la filière pèse considérablement sur l’environnement
Impact environnemental | Industrie logistique |
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Émissions de gaz à effet de serre | Les émissions de gaz à effet de serre sont la principale cause du changement climatique. Le transport de fret génère des émissions de CO2, de méthane et de protoxyde d’azote. |
Pollution de l’air | Les véhicules de transport émettent des polluants atmosphériques tels que les oxydes d’azote, les particules fines, le dioxyde de soufre et les composés organiques volatils, qui peuvent avoir des effets néfastes sur la qualité de l’air et la santé humaine. |
Pollution de l’eau | Les activités de transport de fret peuvent entraîner des déversements de produits chimiques et de carburants dans les eaux de surface et les eaux souterraines. Les navires peuvent également générer des déchets et des polluants en mer. |
Utilisation des ressources naturelles | Les activités de transport nécessitent l’utilisation de ressources naturelles telles que le pétrole, le gaz naturel et l’eau. L’exploitation de ces ressources peut entraîner une dégradation de l’environnement et une concurrence accrue pour les ressources limitées. |
Épuisement des sols | La construction et l’entretien des infrastructures de transport peuvent entraîner l’érosion des sols et la dégradation de la qualité des sols, ce qui peut avoir un impact sur la production alimentaire et la biodiversité. |
Bruit/ Nuisances sonores | Les activités de transport de fret peuvent générer des niveaux de bruit élevés, ce qui peut avoir un impact sur les écosystèmes et la qualité de vie des populations environnantes. La norme PIEK travaille dans ce sens pour labelliser du matériel et/ou des comportements adaptés à cette réduction sonore. |
Utilisation des terres | Ecologiquement, la construction d’infrastructures de transport peut nécessiter l’utilisation de terres précieuses, qui pourraient être utilisées à d’autres fins, telles que l’agriculture ou la conservation de la nature.
En France, cette utilisation des terres est notamment encadrée par la loi Climat et Résilience dont un des axes vise à l’objectif zéro artificialisation nette. Il s’agit de demander aux territoires, communes, départements, régions de réduire de 50 % le rythme d’artificialisation et de la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici 2030 par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020. Pour aller plus loin : Objectif « zéro artificialisation nette » : quels leviers pour protéger les sols ? |
Des pistes se profilent en faveur de la réduction de l’impact environnemental du fret
Les opérateurs de fret ont de plus en plus d’options pour aider les expéditeurs à réduire leur impact environnemental, telles que les carburants marins et aériens à faible teneur en carbone et les camions électriques. Cependant, certaines entreprises hésitent à payer le coût plus élevé de ces solutions plus durables. Les décisions concernant les carburants alternatifs sont souvent prises par les services d’approvisionnement, où l’objectif principal est d’obtenir le meilleur prix. Ainsi, les solutions plus durables sont souvent rejetées au profit d’options plus polluantes car moins onéreuses.
Tim Scharwath, PDG de DHL Global Forwarding, Freight, une filiale de Deutsche Post AG, a déclaré que les discussions sur les gains en matière de durabilité échouent souvent lorsque les décisions parviennent aux services d’approvisionnement, où les suggestions d’utiliser des biocarburants aériens et marins pour le transport sont rejetées au profit d’options plus polluantes mais moins chères.
Les changements nécessaires pour réduire les émissions de carbone de la filière transport seront coûteux. Selon les fournisseurs de services de transport maritime, l’industrie du transport maritime seule devra dépenser environ 3 billions de dollars pour éliminer les émissions au cours des prochaines décennies. Cependant, il y a peu d’accord dans l’industrie du fret sur la manière de financer de tels coûts.
Bien que 82% des entreprises livrant des marchandises soient prêtes à payer plus en faveur de la logistique durable, la prime qu’elles sont prêtes à payer ne couvre cependant pas les coûts nécessaires pour réduire suffisamment les émissions. Par exemple, les camions électriques coûtent aujourd’hui trois fois plus cher que les véhicules actuels, ce qui est particulièrement vrai dans certaines parties de l’Europe où les coûts de l’énergie électrique demeurent élevés. Les biocarburants marins et aériens coûtent également plusieurs fois plus cher que les carburants traditionnels.
Des efforts vers la décarbonation
DHL, l’un des plus grands transitaires du monde, affiche ses objectifs et dépensera jusqu’à 7 milliards d’euros pour la décarbonisation d’ici 2030. Au cours des deux dernières années, l’entreprise a dépensé 440 millions d’euros pour des mesures telles que les carburants aériens verts ou encore les véhicules électriques. Les progrès de l’industrie dépendront de la volonté des clients finaux de payer un surcoût “écologique” en pleine crise de l’énergie.
Les solutions durables restent limitées dans le transport de marchandises…
En effet, il n’existe peu d’aéronefs ou de navires fonctionnant avec des biocarburants même si de nombreuses initiatives voient le jour. Il en découle que les importateurs et les exportateurs ne peuvent pas facilement choisir des modes de transport durables tout en maintenant le rythme de leurs chaînes d’approvisionnement. En outre, certaines entreprises hésitent à utiliser des programmes de compensation carbone, tels que la plantation d’arbres par exemple, car les avantages peuvent prendre des années à se concrétiser et il n’existe pas de normes mondiales fiables.
Il apparaît cependant nécessaire de souligner certaines alternatives comme celles des projets de cargo à voile dont le projet Neoline soutenu par CMA CGM en est une figure de proue. Ces réflexions sont un axe de décarbonation encore différent des bio-carburants et par ailleurs prometteur.
Ainsi, les régulateurs cherchent à imposer des incitations pour des actions plus durables. L’Union européenne devrait introduire des taxes d’émission de carbone sur les navires dès 2024.
Aux États-Unis, l’administration Biden quant à elle a proposé des normes plus strictes pour les émissions des poids lourds l’année dernière. Les entreprises de transport ont besoin d’appuis gouvernementaux pour stimuler les investissements nécessaires pour rendre la filière transport plus durable à moyenne échéance.
En savoir plus :
- Laugesen, M. J., & Meade, N. F. (2016). The impact of logistics on the environment. In Handbook of Research on Global Supply Chain Management (pp. 493-518). IGI Global.
- Thakur, S. (2019). Environmental Impacts of Transportation: An Overview. In Green Supply Chain Management for Sustainable Business Practice (pp. 63-81). IGI Global.
- United States Environmental Protection Agency (EPA). (2022). Freight Transportation.
- European Environment Agency (EEA). (2021). Transport and environment — Reporting mechanisms.
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