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Avec un prix d’achat (CAPEX) deux à trois fois supérieur au diesel, l’équation économique semble impossible au premier regard. Pourtant, la rentabilité de la logistique verte ne se juge pas à la signature du bon de commande, mais sur le cycle de vie complet du véhicule.

Notre guide décompose le TCO (Total Cost of Ownership) pour démontrer comment les économies d’exploitation (OPEX) et la fiscalité permettent d’atteindre le point de bascule.
Qu’est-ce que le TCO d’un camion électrique ?
Le TCO (Total Cost of Ownership) d’un camion électrique correspond au coût global sur son cycle de vie. Il se distingue du diesel par un investissement initial élevé (CAPEX), compensé par des coûts d’exploitation (OPEX) drastiquement réduits : énergie, maintenance et fiscalité avantageuse.
Le changement de paradigme : du CAPEX vers l’OPEX
Historiquement, le transport routier fonctionnait sur un modèle d’achat modéré (tracteur diesel) avec des coûts variables élevés (gazole). La mobilité électrique inverse cette logique.
Pour calculer la rentabilité réelle, il faut intégrer quatre piliers majeurs sur une durée de possession typique de 5 à 7 ans :
- Le coût d’acquisition net (Prix camion – Subventions).
- Le coût de l’énergie (Électricité vs Gazole/B100).
- Les coûts de maintenance et réparation.
- La fiscalité (Taxes sur le véhicule et avantages fiscaux).
Coût de recharge aux 100km : Le match Électrique vs Diesel
Le coût énergétique aux 100km d’un poids lourd électrique oscille entre 15€ et 25€ (recharge au dépôt), contre 35€ à 45€ pour un équivalent diesel.
Cette économie de 40% à 50% sur le poste “carburant” constitue le levier principal de rentabilité du TCO.
L’analyse technique de la consommation
La rentabilité opérationnelle repose sur le différentiel entre le prix du litre de gazole et le prix du kilowattheure (kWh).
- Consommation Diesel : Un tracteur 44t consomme environ 30L/100km.
- Consommation Électrique : Ce même véhicule consomme entre 1,2 et 1,5 kWh/km selon la topographie et la charge.
Attention au mode de recharge
La rentabilité n’est assurée que si la recharge est maîtrisée.
- Recharge au dépôt (recommandée) : Avec un tarif industriel négocié (ex: 0,15€ – 0,20€ / kWh), le coût au kilomètre est imbattable.
- Recharge publique (à éviter absolument) : Sur autoroute, le prix peut grimper à 0,80€/kWh, rendant l’électrique plus cher que le diesel. L’optimisation des tournées en amont s’avère cruciale.
Subventions et Fiscalité : Les accélérateurs de ROI
En France, l’État soutient l’acquisition de camions électriques via le Bonus Écologique (jusqu’à 50 000€) et le Suramortissement fiscal (déduction de 40% de la valeur du véhicule). S’ajoutent à cela l’exonération totale de la Taxe Spéciale sur les Véhicules Routiers (TSVR).
Les dispositifs à activer impérativement
Pour réduire le “Mur de l’Investissement” initial, les gestionnaires de flotte doivent cumuler plusieurs dispositifs :
- Le Bonus Écologique Poids Lourds : Une aide directe à l’achat ou à la location longue durée (LLD), plafonnée selon le tonnage.
- Le Suramortissement Fiscal : Ce mécanisme permet aux entreprises soumises à l’IS (Impôt sur les Sociétés) de déduire de leur résultat imposable 40% de la valeur d’origine du camion (hors frais financiers). C’est un gain de trésorerie majeur.
- Les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE) : Certaines opérations de renouvellement de flotte sont éligibles.
- Le Programme Advenir : Il ne finance pas le camion, mais subventionne l’installation des bornes de recharge (IRVE) privées.
Maintenance et Valeur Résiduelle
La maintenance d’un camion électrique coûte environ 30% moins cher que celle d’un diesel grâce à la suppression des pièces d’usure complexes (boîte de vitesse, injecteurs). Cependant, une incertitude demeure sur la valeur de revente (valeur résiduelle) liée à l’état de santé de la batterie (SOH).
Pourquoi la maintenance chute ?
Un moteur électrique est mécaniquement beaucoup plus simple qu’un moteur thermique (environ 50 pièces mobiles contre plus de 2000).
- Pas de vidange moteur, pas de filtres à carburant/huile, pas de système d’échappement (AdBlue, FAP).
- Freinage régénératif : Le moteur électrique ralentit le véhicule en rechargeant la batterie, ce qui préserve drastiquement les plaquettes et disques de frein.
Le défi de la seconde vie
Le TCO doit être calculé avec prudence concernant la revente. Si le marché de la seconde vie commence à s’organiser (notamment pour le stockage stationnaire d’énergie), la dépréciation des batteries après 7 ans reste un point de vigilance pour les DAF.
Simulation TCO : Le match Diesel vs Électrique
Sur une période de 7 ans avec 80 000 km/an, le camion électrique devient plus rentable que le diesel grâce aux économies d’énergie et à la fiscalité, malgré un coût d’achat initial double. Le point de bascule (Break-even point) se situe généralement autour de la 5ème année.
| Poste de Coût (Sur 7 ans / 80 000 km par an) | Camion Diesel (Euro VI) | Camion Électrique (Batterie) |
| Prix d’achat (CAPEX) | ~120 000 € | ~300 000 € |
| Aides & Subventions | 0 € | – 50 000 € (Bonus) – Gain IS (Suramortissement) |
| Coût Énergie / an | ~40 000 € (Gazole) | ~18 000 € (Élec – charge dépôt) |
| Maintenance / an | ~3 000 € | ~2 000 € |
| Taxes (TSVR, etc.) | Élevées | 0 € (Exonération) |
| Bilan TCO estimé à 7 ans | ~421 000 € | ~410 000 € |
| Rentabilité (ROI) | Référence | Gain dès l’année 5 ou 6 |
Note : Les chiffres sont des estimations moyennes de marché (2024-2025) et peuvent varier selon la volatilité des prix de l’énergie.
Les Coûts Cachés : L’Infrastructure de Recharge (IRVE)
Le calcul du TCO doit impérativement intégrer le coût de l’Infrastructure de Recharge pour Véhicule Électrique (IRVE). L’installation de bornes rapides (50-150 kW) et le raccordement au réseau (Enedis) représentent un investissement (CAPEX) additionnel de 20 000€ à plus de 100 000€ selon la puissance requise.
L’expertise réseau (E-E-A-T)
Ne sous-estimez pas le Génie Civil et le coût du raccordement. Pour une flotte logistique, la simple prise ne suffit pas. Il faut souvent augmenter la puissance souscrite auprès d’Enedis, ce qui impacte le TURPE (Tarif d’Utilisation des Réseaux Publics d’Électricité).
L’astuce pour réduire ce coût ?
Le Smart Charging. Ce pilotage intelligent lisse la charge des camions durant la nuit pour éviter les pics de consommation qui font disjoncter l’installation ou exploser la facture.
Alors, faut-il passer à l’électrique maintenant ?
L’équation est désormais résolue pour les flux régionaux et la logistique du dernier kilomètre. Avec la pression des ZFE-m (Zones à Faibles Émissions mobilité) et la Loi Climat et Résilience, l’électrification n’est plus une option mais une condition d’accès au marché urbain.
Si le coût d’achat effraie encore, la vision TCO prouve que la rentabilité est au rendez-vous pour les véhicules roulant suffisamment pour amortir le surcoût batterie par les gains d’énergie.
Besoin de fiabiliser votre transition énergétique ? Commencez par un audit précis de vos tournées pour dimensionner la batterie et l’infrastructure au plus juste.
En savoir plus :
- Pour les flottes importantes, l’aide n’est plus automatique mais passe par un dossier de subvention via la plateforme “Agir pour la transition“.
- Fiche d’opération standardisée TRA-EQ-129“. Prime forfaitaire (environ 53 000 € pour un tracteur routier électrique >26t) financée par les énergéticiens.




