
L’adressage logistique en entrepôt
28 octobre 2025Sans rendez-vous structurés, les camions arrivent en ordre dispersé, les quais saturent, les caristes jonglent en mode pompier, les chauffeurs patientent (dwell time), et les coûts explosent (retards, surestarie/detention, heures sup). Et bien souvent aussi, les esprits s’échauffent ajoutant une charge mentale significative pour résorber la situation.
Le slot booking lisse les flux, synchronise ressources humaines et portes de quai, et partage à l’avance les informations critiques pour que chaque camion soit au bon endroit, au bon moment, avec les bons documents. On trouve également parfois le terme de dock-scheduling pour désigner cette activité de pilotage d’exploitation.

Qu’est ce alors que le slot booking ?
Un créneau (slot) est une fenêtre de temps associée :
- à N portes, à un type d’opération (réception/expédition/cross-dock),
- à des contraintes (température, matières dangereuses, hayon, transpalette, hauteur de quai),
- à des ressources (caristes, réceptionnaire).
Un bon système de prise de rendez-vous intègre obligatoirement ces règles, collecte les infos indispensables avant l’arrivée (références, quantités, palettes Europe/USA, ASN, documents, protocole sécurité), et publie un planning à jour pour l’équipe quai. Les portails modernes (SAAS) permettent justement de prendre rendez-vous en ligne et de partager/valider les protocoles de sécurité avant l’arrivée. Ces solutions permettent en outre aux transporteurs de réserver eux-mêmes des créneaux en ligne et de fluidifier la communication en s’affranchissant par la même occasion des barrières linguistiques qui se termineront souvent par un :
“you gare the camion en épi in the cour” !
L’enjeu de la modernité n’est donc pas un luxe dans le pilotage des flux surtout en 1ère ligne.
Le processus type décrypté par Blogistics
Les étapes structurantes pour exploiter un outil de slot booking sont principalement les suivantes.
- Ouverture des créneaux par entrepôt/porte/type d’opération + durées et buffers.
- Publication des règles (ex. 33 palettes = 45 min, contrôle qualité requis, documents ADR, etc.).
- Réservation par le transporteur/fournisseur via un portail ; upload des infos et lecture des consignes sécurité.
- Validation ou auto-validation selon seuils (capacité, compatibilités, priorité) et niveau de validation octroyé par le site logistique.
- Pré-avis opérationnel au WMS/YMS (pré-création réception/expédition, préparation de zone).
- Le jour J : check-in au poste de garde (QR code, kiosque, tablette) ; suivi entrée/sortie.
- Pilotage en temps réel : écrans d’affichage aux quais, mobile pour chefs d’équipe, re-sequencing si retard.
- Clôture & mesure avec une liste d’exemple d’indicateurs ci-dessous :
– Taux d’occupation quai = Temps créneaux utilisés / Temps ouvré.
– Dwell time chauffeur = (Check-out – Check-in) – Temps opération.
– Respect des créneaux (On-Time In/Out).
– % no-show / annulations tardives.
– Productivité quai (palettes/heure, lignes/heure).
Les règles de planification du slot Booking qui font la différence
Dans cette mise en oeuvre structurée, il est utile de rappeler quelques points de paramétrage importants pour bien “huiler son exploitation logistique“. Parmi ces points de vigilance, nous pouvons souligner la granularité possible des créneaux qui varient selon la nature du fret ou encore les “buffers intelligents” qui autorisent des marges entre créneaux pour absorber l’imprévu. Simple néanmoins efficace pour correspondre à la réalité du terrain.
S’ajoutent également les priorités opérationnelles qui permettent de prioriser un type de flux (cross-dock sortant VS réception non urgentes par exemple, fournisseur de rang 1) ainsi que le lissage par fenêtre qui permet de limiter à N opérations lourdes par heure certains flux. Clairement des paramétrages qui œuvrent pour une meilleurs qualité de travail et qui se construisent de façon bilatérale entre les équipes terrain et l’encadrement.
Egalement bien penser aux situations de la “vraie vie” à intégrer dans le paramétrage comme les :
- Retards & avances : seuils d’acceptation, file “stand-by”, pénalités/bonus.
- No-show : rebooking obligatoire à suivre dans les KPI également
- Pics saisonniers : slots élargis, équipes additionnelles, portes temporaires.
- Multi-sites : partage de capacités, réaffectation automatique vers site B.
- Flux spéciaux : retours, matières dangereuses, contrôle qualité renforcé.
De Excel au prédictif, plusieurs niveaux de maturité pour un même problème à régler
- Niveau 0 : appels, emails, tableur (partagé dans le meilleur des cas)
- Niveau 1 : portail de réservation autonome. Fonctionnalité utile même sans présence d’un WMS/TMS/YMS.
- Niveau 2 : intégrations API (WMS/TMS/YMS/ERP) pour créer RDV, pousser ASN, préparer les tâches.
- Niveau 3 : pilotage temps réel (écrans, mobile, kiosques), tracking entrées/sorties au poste de garde.
- Niveau 4 : ETA prédictive (télématique/GPS), RTTV, re-sequencing dynamique, scorecards transporteurs.
Comme pour beaucoup de sujets IT en logistique, il est CAPITAL de ne pas brûler les étapes pour bien réussir et garantir l’embarquement des collaborateurs.
Un énorme avantage sécurité & conformité
Diffuser en amont les protocoles sécurité (EPI, plan de circulation, consignes incendie) et les faire pré-valider réduit incidents et temps d’accueil.
Attention RGPD : limiter les données personnelles chauffeur (nom, immatriculation, n° tel), durées de conservation, droit d’accès. Les solutions récentes intègrent cette logique et facilitent le suivi poste de garde (smartphone/tablette).
Le slot booking n’est pas juste un calendrier en ligne : c’est un système d’orchestration qui aligne capacité, contraintes, sécurité et partenaires.
Bien cadré, il transforme vos quais en un actif de performance plutôt qu’un goulot. Les portails modernes (prise de RDV self-service, protocoles sécurité en amont, affichage temps réel, mobile quai) rendent la mise en œuvre rapide et la conduite du changement abordable.
Et comme nous l’avons vu, le niveau 2 permet d’engager le changement sans interface immédiat avec le reste des flux IT.
Par Pierre




