Legendre Logistics, discret champion logistique
19 novembre 2024Dans cette série de 4 articles, BLOGISTICS donne la parole à Sandrine LETULLIER, prévisionniste de métier.
Sandrine explore la question des prévisions au travers de son expérience, des questions qu’elle se pose régulièrement pour rester dans le rythme et des méthodes qu’elle emploie pour produire des valeurs de qualité. Il ne sera pas question d’innovation à tout crin sur le sujet de la prévision. Cet axe a fait ou fera l’objet d’autres articles. Cette série d’article traitera plutôt de la dimension pédagogique et humaine pour exploiter le graal de la Supply Chain : la prévision de la demande. Démarrons avec la 1ère question autour de la stratégie de production.
Produire en P.S.S ou P.A.D ?
Depuis quelques années et encore plus dans le contexte économique actuel les entreprises ne souhaitent plus stocker et encore moins sur-stocker. Je ne vous apprends rien, les stocks coûtent chers car, il faut prévoir :
- La gestion d’un entrepôt
- Un coût de stockage
- De l’immobilisation de trésorerie sur la valeur en stock
- Et potentiellement des offres de déstockage et donc une perte de marge
Mais les industriels doivent tout de même pouvoir répondre à leurs clients rapidement et avoir un taux de service qui se rapproche des 100%. Alors que faire ?
2 notions me viennent en tête :
Le PAD : Production A la Demande
La première est la PAD : Production à la demande. C’est une solution judicieuse pour des clients qui ont des besoins spécifiques, des besoins ponctuels sans aucune régularité. Le terme anglo saxon pour PAD est la stratégie de production dite du MAKE TO ORDER. Dans ce cas, le client passe sa commande en prenant en compte le lead-time défini entre lui et le commercial de l’entreprise. Dans ce « lead time », il faut prendre en compte plusieurs données :
- L’approvisionnement des matières, des emballages…
- La production
- La capacité de production
- La validation de la qualité du produit
Les avantages de la PAD :
Pour l’industriel, pas de stock (c’est bien ce que l’on veut) et encore moins de surstock. Cela va concerner :
- Les produits finis car la production correspond bien à la quantité demandée par le client
- Les composants et matières car l’approvisionnement est fait en fonction du besoin réel
- Les frais de stockage réduits : le client attend sa commande, il peut être livré dès que la validation qualité est faite.
Pour le client, plus de flexibilité moyennant plus de délai
- Changement sur le packaging dès qu’il le souhaite,
- Changement de parfum, de couleur (important lors d’une collection ou en cosmétique) …
Les inconvénients de la PAD :
Pour l’industriel, c’est l’attente de la commande et donc une moindre prévisibilité de chiffre d’affaires et une incertitude de faire tourner la ligne de production à 100%. Pour le client, un délai qui peut être long et qui se calcule souvent en mois selon le secteur du business.
Cette solution est souvent retenue pour :
- Les produits personnalisables : vous souhaitez acheter une table tout en choisissant sa longueur, son style de pieds, avec ou sans rallonges…
- Les produits volumineux et couteux : le choix de la couleur de votre voiture qui n’est pas en série.
- Les produits de luxe :
Anecdote :
Des clients de l’export qui tous les ans doivent attendre leur licence d’importation (émis par les autorités officielles du pays) pour savoir s’ils peuvent importer des produits et connaitre la quantité accordée. De plus ces clients veulent leur nom sur le packaging. Depuis plusieurs années tout se passait bien, les licences étaient acceptées tous les ans mais jamais sur les mêmes quantités. Puis un jour, le pays en question a décidé de favoriser la production locale et de ne plus accepter les produits de France ; Nous sommes restés 5 ans sans nouvelle. Si nous avions produit en avance sans attendre la commande, nous aurions eu des stocks non livrables (ni dans ce pays, et nul part ailleurs car le produit était au nom et à l’adresse du client).
Le PSS : Production Sur Stock
La seconde est la PSS : Production Sur Stock (ou en série – MAKE TO STOCK en anglais) qui consiste à avoir du stock sur le produit pour répondre tous les jours à la demande client sans délai.
Quels produits peuvent être concernés ?
Ce sont des produits non spécifiques à un client, donc des produits avec des sorties régulières et une certaine “dose” de standardisation. De plus, quand je parle de « sorties régulières », je ne parle pas de la même quantité tous les jours ou toutes les semaines, mais bien des produits qui sortent fréquemment de l’entrepôt (donc sans rester des mois sans sortie de stock). Ce qui signifie aussi que l’entreprise doit avoir un entrepôt dimensionné au besoin de stock. De ce point de vue, le recours à une simulation de flux peut avoir du sens pour aider au capacitaire de l’entrepôt.
Sans parler de l’inoxydable méthode ABC qui permet de surveiller en permanence l’évolution des sorties par exemple.
Les avantages de la PSS :
Pour l’industriel : Toujours répondre à la demande client dans les temps & donc améliorer son taux de service. Mieux lisser l’occupation de son outil de production aussi !
Pour le client : Pas d’anticipation de la commande. Il déclenche sa commande quand il en a besoin (en s’assurant de connaître le délai de livraison auparavant pour éviter toute rupture de son côté).
Les inconvénients de la PSS :
Pour l’industriel : Risque de sur-stockage ; exigence de maîtrise des flux et des sorties de stock ; besoin de mettre en place des indicateurs de suivi des stocks.
Pour le client : assez faible voir nul
De plus, il faut aussi décider comment se feront les sorties de stock :
- En FEFO (First Expired – First Out) : expédier en premier les produits avec une date de limite de consommation la plus courte (souvent pour des produits avec une DLC courte…)
- En FIFO (First In – First out) : expédier en premier les produits en suivant l’ordre chronologique de production / ou d’arrivée (souvent pour des produits cosmétique ou médicaments, l’électroménager, produits avec DLC longue pour lesquels les taux de rotation sont bons …)
- En LIFO (Last In – First Out) : expédier le stock qui vient d’être produit (souvent pour des marchandises non périssables comme le sable, les matériaux de construction…)
Et pour ne pas avoir trop de stock, il faut savoir QUAND PRODUIRE ? en fonction des stocks et des besoins futurs. C’est ce que nous verrons dans un prochain article.
Mais vous l’aurez saisi, l’étape structurante numéro 1 réside dans la réponse à apporter à sa stratégie de production. Elle exige de bien connaître ses clients, de bien connaître ses produits aussi pur être en mesure de faire matcher les deux… au meilleur cout, délai et qualité bien entendu.
Mais quand produire du coup ? …
Par Sandrine