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3 juin 2025Comprendre les échanges de données en logistique au travers de l’interfaçage des fichiers
Dans la logistique moderne et de façon générale en Supply Chain, les entreprises ne travaillent plus en silo : transporteurs, fournisseurs, entrepôts, clients, plateformes e-commerce… Tous doivent échanger des informations rapidement et de façon précise. Ces échanges permettent par exemple :
- de suivre les commandes en temps réel,
- d’automatiser les expéditions,
- de fluidifier l’ensemble des flux d’informations constitutifs d’un pilotage efficace de la supply chain
Mais pour que cela fonctionne, encore faut-il parler la même langue d’un système à un autre. Autrement dit, que l’interopérabilité fonctionne entre les différents systèmes et/ou logiciels. Pour cela, des protocoles existent. Ils concernent soit le format des informations (EDIFACT par exemple) et/ou concernent le type de transport des informations (FTP / SFTP pour déposer les fichiers sur des serveurs partagés par exemple).
Le mapping : pierre angulaire de tout échange
Quel que soit le moyen technologique utilisé (fichier, API, nous le détaillerons plus loin dans cet article), le mapping des données est essentiel. Le mapping est le processus qui permet de faire correspondre le format de données d’un système source à celui d’un système cible. C’est l’étape de traduction en quelque sorte.
Exemple concret en logistique :
Un WMS indique une date d’expédition au format AAAA-MM-JJ, alors que le TMS attend JJ/MM/AAAA. Le mapping permet de convertir et d’aligner les formats, champs et valeurs.
Il s’agit donc de parfaitement faire correspondre les données entre deux systèmes informatiques pour que les données « parlent le même langage » de bout en bout.
Sans un bon mapping, les systèmes ne se comprennent pas : une erreur de correspondance peut entraîner un colis mal acheminé, une rupture de stock, ou une mauvaise facturation.
C’est la phase critique de tout projet d’échanges de données. Et même si elle revêt un caractère technique, le succès de cette phase repose nénamoins sur la qualité d’interaction humaine entre les personnes engagées.
A noter par ailleurs qu’aucune technologie ou bon mapping ne peut compenser des données de mauvaise qualité ; un autre facteur critique de tout projet logistique.
Car peu importe la qualité du mapping ou la technologie utilisée, une donnée erronée reste une mauvaise donnée. Et cette non qualité de la DATA peut avoir les même conséquences qu’un mauvais mapping. L’information transmise ne correspondra pas à l’information attendue.
Exemple : un code postal erroné dans une adresse de destination présente dans le WMS transmettra la mauvaise information au TMS même si le mapping est correct.
D’où l’importance d’une gouvernance des données solide (nettoyage, validation, contrôle qualité) en marge du travail de mapping.
Les technologies d’interfaçage de données : tour d’horizon
Il existe plusieurs manières de faire communiquer les systèmes d’information entre eux. Voici les principales :
1. Les fichiers plats
Un fichier plat, c’est un fichier simple comme un fichier Excel, CSV ou texte (.txt) contenant des données strictement organisées en lignes avec des séparateurs de champ. Tout changement de format nécessite des adaptations manuelles. Cette technologie est cependant encore couramment rencontrée dans les systèmes informatiques. Elle a l’avantage d’être simple, robuste cependant rigide.
Exemple d’un fichier contenant les expéditions de la journée :
Commande;Client;Date;Poids
1234;Dupont;01/05/2025;25kg
1235;Martin;01/05/2025;12kg
Avantages :
- Facile à créer et à lire. Peu coûteux et rapide à mettre en œuvre.
- Peut être échangé par e-mail ou via FTP.
- Peu de dépendance technique à des compétences IT pointues
Inconvénients :
- Pas en temps réel strict même si des routines de lecture des fichiers peut tendre vers une forte réactivité. L’échange de données est, de fait, asynchrone.
- Risque d’erreur lors de l’échange ou du formatage.
- Nécessite souvent une étape d’import manuel.
2. Les API (Application Programming Interface)
Une API est une interface (sorte de portail ouvert à l’échange avec un système tiers) qui permet à deux systèmes de s’interroger en temps réel via un système de requêtage installé. Par exemple : un TMS (Transport Management System) qui demande au WMS (Warehouse Management System) les détails d’une date d’expédition.
Dans ce terme, nous pouvons distinguer 2 notions différentes :
API REST (REpresentational State Transfer) : plus légère, plus rapide, elle utilise généralement le format JSON. Très utilisée dans les applications web et mobiles. Un format typiquement consacré par les outils métiers développés en SAAS.
API SOAP (Simple Object Access Protocol) : plus robuste, elle est souvent utilisée dans les contextes nécessitant une forte sécurité ou des transactions complexes, au prix d’une structure initiale plus lourde en XML.
Analogie Blogistics ? REST, c’est un SMS rapide ; SOAP, c’est une lettre recommandée avec accusé de réception.
Avantages des API :
- C’est du temps réel. Les données sont synchrones entre les systèmes
- Format propice à une automatisation potentiellement massive
Inconvénients des API :
- Cela requiert la mobilisation de compétences spécifiques pour la mise en oeuvre (développement, tests, maintenance)
- Le coût initial est plus conséquent et souvent plus long que l’autre technologie des fichiers plats
- L’adaptation nécessite le recours à des experts techniques. L’autonomie est donc moins grande si l’entreprise ne dispose pas de ces compétences facilement.
En substance
Dans un monde logistique de plus en plus interconnecté, choisir la bonne solution d’échange de données n’est donc pas qu’une affaire de technologie. Même s’il existe plusieurs options techniques pouvant correspondre à différents usages.
Il demeure en effet central de mobiliser les énergies sur le mapping et la qualité des données qui sont les 2 piliers de tout projet EDI… quel que soit le choix technologique finalement retenu par l’entreprise.
Par Pierre