
ACCRO s’associe à Gamma-Wopla pour une logistique “zéro emballage à usage unique”
30 juin 2025Dans un contexte où les exigences clients, la pression économique et les contraintes environnementales se renforcent simultanément, savoir choisir la bonne typologie de tournée devient un levier stratégique pour tout acteur de la supply-chain. Une tournée, rappelons-le, consiste à collecter et/ou livrer n colis chez n clients sur un itinéraire planifié : chargement au dépôt, parcours d’approche, exécution des tâches chez chaque client, puis retour à la base ; le tout réalisé avec un véhicule fiable en parfait état de fonctionnement.
Deux grands principes de flux
Flux poussé
Dans le flux poussé, l’entreprise déclenche les missions selon ses contraintes internes (planning RH, fréquence contractuelle, réglementation).
On y retrouve les tournées commerciales, de maintenance programmée ou de collecte de déchets. La sectorisation géographique y joue un rôle majeur : tournée « en pétale », « en spirale », « en zigzag » ou « par zonage », chacune visant à optimiser temps de conduite et équilibre de la charge.
Flux tiré
Le flux tiré domine la livraison de marchandises premier / dernier kilomètre, la reverse logistics ou la distribution de pièces détachées.
Ici, les impératifs clients (créneau, service premium…) s’ajoutent aux contraintes internes : capacité véhicule, structure du réseau, temps de service sur site, etc. Les mêmes formes de parcours peuvent s’appliquer, mais l’arbitrage intègre davantage le niveau de service promis. La complexité est supérieure.
Trois familles d’optimisation
Dispatching (on-demand)
C’est le calcul automatique d’affectation de tâches « à la demande » : quick-commerce (< 15 min), messagerie cyclologistique, gig economy (Deliveroo, Uber Eats). L’algorithme cherche la flexibilité maximale des ressources pour tenir un SLA serré ; on optimise « la tâche » avant la tournée.
Routing day-to-day
Il s’agit de bâtir un ordre de visite sur une journée en minimisant kilomètres, heures supplémentaires ou émissions : livraison e-commerce, presse, BTP, circuits courts agricoles. Trois types dominent :
- Mono-tour : un aller-retour par véhicule, souvent en pétale pour saturer la capacité sans rupture de charge.
- Multi-tours : particulièrement en cyclologistique ou pièces urgentes, quand un rechargement intermédiaire est nécessaire.
- Fixe vs variable : zonage constant pour faciliter RH et relation client, ou zonage flexible pour pousser l’optimisation au maximum.
Scheduling long terme
Au-delà de la journée, le scheduling orchestre visites commerciales, tournées de maintenance extincteurs ou soins à domicile par exemple. Plusieurs semaines d’horizon imposent de croiser données CRM, contrats et dépannages imprévus. L’outil vise l’équilibre charge-distance-compétences dans la durée.
Exemples
- La course (one-shot, B2B/B2C) : dépannage informatique en urgence, navettes taxi/VTC, livraison express 2 h. Le client prime ; la tournée est variable et souvent déclenchée par dispatch.
- Le multi-tour santé/industrie (B2B) : distribution d’analyses biomédicales ou pièces détachées critiques. Le routing multi-tours garantit la continuité d’approvisionnement.
- La tournée « classique » (B2B/B2C) : portage de repas, e-commerce, collecte de déchets. Variable ou zonée selon densité.
- La visite programmée (B2B/B2C) : techniciens de maintenance, commerciaux, soins. Ici, scheduling domine, avec une composante relationnelle forte.
- La crowd-logistics : particuliers livrant pour d’autres (Shopopop). Atouts : économie d’actifs et maillage possiblement très fin ; limites : réglementation et qualité de service.
Facteurs opérationnels à ne pas négliger pour bien optimiser ses tournées
- Sectorisation : équilibre de charge et cohérence métier (temps, CA, géographie).
- Capacité véhicule & nature marchandise : poids, volume, hayon, autonomie électrique, incompatibilité (Bio/conventionnel, viande crochet/viande sous vide)
- Suivi client : track-and-trace, preuve de livraison (POD) ou envoi de notification d’arrivée
- Impact social et environnemental : fidélisation chauffeurs, réduction CO₂ via créneaux éco-livraison.
- Coûts volatils : hausse carburant (+ 21,5 % en mars 2022) ou masse salariale chauffeurs (+ 6 % 2022) encouragent l’optimisation pour une maitrise constante du TCO et une préservation de la marge.
Les outils « solveur » : le moteur d’optimisation sous le capot
Derrière chaque planification performante se cache un solveur d’optimisation : un moteur algorithmique capable d’explorer, en quelques secondes, des millions de combinaisons d’itinéraires et de créneaux pour proposer le meilleur compromis coût / service. Dans la pratique, leur apport est tangible : –10 à –25 % de kilomètres parcourus et une réduction proportionnelle du CO₂, avec parfois plusieurs points de service en sus sur les amplitudes de travail.
Le choix se fait selon trois critères clé : échelle (nombre de points/jour), complexité (contraintes, multi-dépôts) et capacité d’intégration (avec autre système) et de traitement des données. Enfin, un POC reste la meilleure façon de trancher entre les moteurs : les chiffres parlent d’eux-mêmes et une prise en main préalable par les équipes de planificateurs est toujours un plus dans l’appropriation du changement.
Ci-dessous quelques éditeurs de logiciels pouvant répondre à ces enjeux :
CARTOWAY
ANTSROUTE
KARDINAL
NOMADIA TOURSOLVER
PTV ROUTE OPTIMISER
OPTIMOROUTE
PRAXEDO
MAPO BY WOOP
URBANTZ
TON CARTON
ATOPTIMA
KLAREO
En substance
La tendance est à l’hybridation : un routing quotidien bien structuré peut s’enrichir d’un module de dispatch pour intégrer une collecte urgente après le cut-off, ou déclencher un dépannage sur la base de la géolocalisation temps réel des véhicules. Cette combinaison permet de respecter l’objectif-client sans sacrifier la maîtrise des coûts ni la cohérence environnementale.
Choisir une typologie de tournée n’est plus un exercice théorique ; c’est un acte de pilotage stratégique qui conditionne rentabilité, satisfaction client et empreinte carbone. Dans l’ère post-2020, marquée par l’explosion du e-commerce, la réglementation ZFE (jusqu’à il y a encore quelques jours) et l’essor du quick-commerce, aucune entreprise ne peut se permettre une organisation monolithique.
En combinant une lecture fine des flux (poussé vs tiré), une sélection raisonnée entre dispatching, routing et scheduling, les planificateurs transforment la complexité en avantage concurrentiel. L’avenir appartient à ceux qui sauront passer d’une logique de tournée subie à une logistique orchestrée, capable d’alterner vitesse, fiabilité et respect des ressources – pour livrer, collecter et servir toujours mieux.
Par Pierre